Dans une série d’îlots lumineux surélevés, des masses en verre soufflé émergent de 13 boîtes en carton. Au fond de chacune d’elles, un photomontage noir et blanc rétroéclairé propose le cliché, parfois ancien, d’une fillette ou d’une jeune femme associé à divers éléments - poissons, arbres, textures, etc. - et à une variété de fragments typographiques. Selon l’angle de vue, la superposition de ces «bulles-lentilles», dont certaines contiennent de l’eau, engendre distorsions, répétitions et transitions. Ainsi filtrées, les images qui s’offrent au regard semblent issues du domaine du songe ou encore d’un autre temps.
METTRE LA TÊTE OÙ L’ON PENSE est une transposition libre du roman Carapace de Marie Auger (alias Mario Girard) dans lequel une itinérante vit repliée dans son logement de carton, son «ventre en verre», son monde intérieur… Cela s’illustre également par de grandes photos suspendues où un personnage féminin prend différentes poses, son visage toujours dissimulé. L’ensemble s’inscrit dans un corpus amorcé en 2006 dont le titre est Contes muets et non-dits sous verre où il est question de «contes volatiles habités d’histoires imaginaires et de faits réels».
Le travail de l’artiste visuelle Michèle Lapointe a été présenté dans le cadre de nombreuses expositions au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. Il a également fait l’objet de plusieurs commandes d’art public au sein d’une carrière qui s’échelonne sur près de 40 ans. Dans les œuvres qui parsèment celle-ci, le verre occupe une place centrale, un médium qu’elle a enseigné de 1990 à 2022 à Espace VERRE, centre consacré aux arts verriers et lié en tant qu’école au Cégep du Vieux-Montréal. En 2023, l’artiste recevait le titre de Compagne des arts et des lettres du Québec. Elle vit et travaille à Montréal, sa ville natale.