Installation photo-vidéographique qui relève de la chronophotic, une forme de cinéma imaginée par John Oswald dont la particularité est d’associer le regard porté sur l’image fixe à celui porté aux images animées.
Pour réaliser instand•stillness, l’artiste a photographié individuellement des gens de tous les âges, sexes et ethnies, avec et sans vêtement. Il a ensuite combiné ces images pour constituer une foule afin de créer un montage vidéo où le mouvement est redevable à l’apparition et à la disparition de certains sujets de même que de leurs vêtements. Projetée sur deux écrans, instand•stillness présente des figures grandeur nature en constante mutation.
Avec cette projection double de la durée d’un long-métrage, Oswald brouille avec ingéniosité les catégories de la photographie, du cinéma et de l’imagerie visuelle; il les dépasse sans trahir les propriétés et repères esthétiques, restituant l’essence même de ces médiums. Au-delà de la curiosité du procédé et de l’expérience sensorielle immédiate, instand•stillness nous fait pénétrer dans l’intimité des sujets présentés et, du même coup, dans la nôtre, par échange obligé de regards. Tour à tour observateurs et observés, à la fois vus et voyeurs. Mise à nu anthropologique, l’œuvre s’aventure aussi en terrain social, tant les vêtements révèlent un statut ou un modus vivendi, une mode, une période. (…)
Rodolphe-Yves Lapointe, Journal culturel Graffici, Avril 2005.
John Oswald vit et travaille à Toronto. instand•stillness s’ajoute à un long parcours artistique où s’entrecroisent plusieurs disciplines dont l’art audio, la danse, la photographie et la performance. En 2004, il reçoit le prix du Gouverneur général du Canada. Le jury de cette distinction le décrit ainsi : « Artiste du son, alchimiste d’images, compositeur et artiste des arts médiatiques, John Oswald maîtrise remarquablement la transformation sur une échelle de temps prolongé (...) ».