Dans les dessins éditoriaux de Sébastien Thibault, le calembour visuel peut s’avérer inquiétant. Une nappe de pétrole prend la forme d’une bombe et le puits juste au-dessus, celle d’une mèche; l’écume d’une vague gigantesque provient de la cheminée d’une usine qu’elle s’apprête à submerger ; le tranchant d’une hache a le profil d’une femme… La cause et son effet se trouvent ainsi réunis par une ligne de contour précise ceinturant des couleurs en aplat. Avec Wölfe, portrait d’une bande, l’artiste s’attaque à un projet difficile : portraiturer plusieurs responsables des atrocités nazis sans fournir de nouvelles pièces à l’iconographie des admirateurs. Un écueil évité par un message sans ambiguïté sur la nature de ces individus. L’exercice n’est pas sans faire écho aux nombreux fanatismes actuels qui se manifestent à plusieurs endroits du globe.
Depuis quelques années, les illustrations de Sébastien Thibault font l’objet d’une diffusion dans des publications prestigieuses partout dans le monde. Il collabore de façon régulière au New York Times ainsi qu’au Guardian. Plusieurs distinctions ont récompensé ses efforts, dont les prix Communication Arts, Applied Arts et LUX. L’artiste vit et travaille à Matane.