HAÏTI - TERRITOIRES INFORMELS : Trois points de vue sur Haïti par trois photographes. L’un y vit, l’autre y a souvent séjourné et le troisième y a vécu plus de 20 ans. Les incursions qu’ils proposent dans les rues de Port-au-Prince ne sont ni exotiques, ni catastrophiques, ni racoleuses. Déjà difficiles, les réalités présentées ici précèdent le chaos dans lequel Haïti se trouve actuellement plongé. Dans cet État qui n’avait déjà guère les capacités de faire respecter ses lois, chacun vit du système D - comme Débrouillardise - une question de survie.
NOCTAMBULES
Josué Azor
L’homophobie et l’intolérance omniprésentes en Haïti engendrent une stigmatisation sociale et violente envers les communautés LGBTQ+. Elles n’ont d’autre choix pour survivre que de se réunir clandestinement la nuit. Josué Azor documente cette vie parallèle, privilégiant les vues d’ensemble, les atmosphères, les portraits souvent tronqués et l’anonymat des lieux.
Né en Haïti et vivant à Port-au-Prince, Josué Azor est membre du Kolektif 2 Dimansyon, lequel se dédie au photojournalisme et aux arts visuels. Délaissant en 2010 des études universitaires en administration pour se consacrer à la photographie, son travail d’artiste a progressivement pris une dimension militante.
• site de Josué Azor
RECENSEMENT - HAÏTI 2000-2020
Emmanuel Galland
À partir d’une idée, celle de recenser dans les rues des villes d’Haïti les numéros ornant t-shirts, camisoles ou chandails portés par plusieurs, Emmanuel Galland propose plus de 200 images captées lors de séjours entre 2000 et 2017. Dans cette quête où l’objectif, en partie achevé, était de réunir les chiffres de 0 à 100, la collecte ici s’avère surtout être celle de ces instants de vie captés au hasard de l’apparition d’un numéro.
Artiste et commissaire d’exposition depuis plus de 25 ans, Emmanuel Galland observe l’environnement physique et social du quotidien. À partir d’images, il réalise des typologies traitant des contextes investis et des personnes qui y évoluent. Celles-ci vont du milieu de l’art contemporain à l’architecture vernaculaire, en passant par les marqueurs d’individualité. D’origine française, il vit et travaille à Montréal, sa ville d’adoption.
MADE IN AYITI
Roberto Stephenson
L’informel est ici celui d’une économie de survie dans laquelle opèrent ces vendeurs qui font des trottoirs de Port-au-Prince leur boutique. Roberto Stephenson cadre leurs présentoirs, bancs, tables, boîtes et outils fabriqués à partir d’éléments récupérés, modèles d’ingéniosité. Lors de la prise de vue, l’utilisation d’un drap blanc sert l’idée de montrer l’objet tel qu’il est, hors d’un contexte dont il est manifestement issu. Comme il l’écrit à propos de ce projet : « Quand on a faim, quand on n’a rien, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a ».
Né à Rome d’un père haïtien et d’une mère italienne, Roberto Stephenson a d’abord fait des études en design graphique avant de se tourner vers la photographie. Son travail artistique dans ce médium s’échelonne sur plus de 25 ans et couvre plusieurs sujets et techniques. Selon le photographe, l’homme et son habitat au sens large en sont le dénominateur commun. En 2016, il publie Made in Ayiti, un livre consacré à ce projet.
• site de Roberto Stephenson
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