Promeneur à l’affût, Serge Clément capte des images dont les contenus tiennent à la fois du photoreportage et de la suggestion plastique. Il utilise la photographie à sa face même, sans mise en scène, sans traitement numérique, sans contorsion technique, et pourtant ses images mêlent le doute à l’évidence comme s’il capturait dans l’instant plusieurs dimensions d’une même réalité. C’est ainsi que sa version cinématographique de Parfum de lumière/Fragrant Light sera présentée comme un film documentaire bien qu’il construise une ville fictive. Dans Courants~contre-courants, il se joue des surfaces réfléchissantes.

La fascination du reflet hante la photographie. Eugène Atget chérissait les vitrines des boutiques et des cafés au point d’y avoir consacré des séries complètes. Les miroirs des bistros et des maisons closes offrirent à Brassaï l’occasion d’exercer sa virtuosité. La recherche de Serge Clément, si elle ne saurait se réduire à ce seul thème, fait largement appel au problème formel du reflet, de l’espace déboîté, renversé, redoublé, trouble, feuilleté, que la fenêtre, le miroir et la vitrine révèlent fugacement.

Anne Biroleau
extraits de Chroniques de la BnF - no 40 - sept.-oct. 2007


Depuis les années 70, Serge Clément se consacre à la photographie et au cinéma. Son oeuvre jouit d’une reconnaissance internationale et a fait l’objet de nombreuses expositions et publications au Québec et à l’étranger. La série d’images qui composent Courants~Contre-Courants a donné lieu en 2007 à un recueil publié aux Éditions Marval. L’artiste vit à Montréal.

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